L’opposition promet des jours difficiles à Benkirane

Fuente: 
Le Matin
Fecha de publicación: 
08 Feb 2013

Majoritaires à la deuxième chambre du Parlement, les composantes de l’opposition affutent leurs armes et entendent bien mener la vie dure au gouvernement. En effet, elles sont arrivées, en début de semaine, dans le cadre de la commission de l’Intérieur, des collectivités locales et des régions, à repousser l’examen du projet de loi numéro 131-12 (relatif aux principes de délimitation des ressorts territoriaux des collectivités territoriales). Elles ont ainsi fait entendre leur voix puisque le gouvernement a accepté que l’examen de ce texte soit reporté à leur demande. Les forces de l’opposition à la deuxième chambre justifient ce report par la nécessité de donner le temps qu’il faut à leurs structures (partis et syndicats) pour examiner le texte en question.
Car, ainsi que le souligne l’ancienne chef du groupe parlementaire socialiste à la Chambre des conseillers, Zoubida Bouayad Elmejjad, «C’est un texte politique de grande importance qui mérite un débat national. Les gouvernements précédents organisaient toujours des séances de discussions autour des textes ayant un caractère électoral. En plus, la Constitution insiste sur la concertation avec la société civile, les partis politiques, les syndicats… en ce qui concerne l’adoption des projets stratégiques, notamment les élections. Ce gouvernement a fait fi de cela».

L’opposition ne compte donc pas se laisser faire. Les groupes parlementaires du Parti de l’authenticité et de la modernité (PAM), du Rassemblement national des indépendants (RNI), de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), de l’Union constitutionnelle (UC) et le groupe Fédéral de l’Unité démocratique ont ainsi parlé d’une seule et même voix. Ils ont appelé à ce que leurs structures aient la possibilité d’examiner le projet en question avant son examen au sein de la deuxième chambre. Et ils ont obtenu gain de cause. Cette position unifiée, exprimée lundi dernier, illustre bien la coordination qui se préparait depuis quelques semaines pour donner naissance à un front qui rassemble quatre partis (PAM, RNI, USFP et UC) et les représentants syndicaux de la Fédération démocratique du travail (FDT). Ces forces de l’opposition ont, de la sorte, «institutionnalisé» leur coordination à travers une plate-forme commune qui a pris effet à partir de mercredi dernier.

Les groupes parlementaires de l’opposition à la chambre des conseillers ont décidé donc de passer à la vitesse supérieure. «C’est une coordination qui rend effective la coopération qui existait déjà entre ces forces lors des discussions du projet de loi de Finances. On se réunissait déjà auparavant pour dialoguer et discuter des questions d’intérêt commun. C’était une coordination qui existait dans les faits que nous avons institutionnalisée. Cela devrait nous permettre d’avoir des positions concertées au sujet de plusieurs questions», souligne Mohamed Daidaa, le coordonnateur de ce nouveau cadre qui réunit les formations de l’opposition à la deuxième chambre (il est prévu que la présidence de cette coordination revienne, à tour de rôle, à un représentant de chacune des cinq composantes).
Les forces de l’opposition veulent que cette structure soit un cadre flexible où chaque formation garde son entière autonomie. Ce qui veut dire «qu’il se pourrait qu’il y ait des divergences sur certains sujets», précise Mohamed Daidaa. Par ailleurs, l’objectif est de passer d’une opposition numérique à une opposition de qualité, ainsi que le soulignent les cinq nouveaux alliés. L’enjeu est aussi d’avoir des positions communes en matière de contrôle du gouvernement, tout particulièrement en ce qui concerne la séance mensuelle où le chef du gouvernement est interpellé sur la politique générale…
L’une des premières actions entreprises par les membres du «groupe des cinq» de l’opposition au sein de la deuxième chambre est la lettre adressée au président de cette chambre.

A travers cette missive, ils ont appelé à interpeller les institutions de bonne gouvernance pour venir présenter devant les conseillers leurs rapports annuels. Ils citent le CNDH, le conseil de la concurrence, la Cour des comptes, l’Instance centrale de prévention de la corruption… et toutes les institutions citées dans la constitution dans les articles 161 à 170. 
En effet, la loi fondamentale souligne que «toutes les institutions et instances visées aux articles 161 à 170 de la Constitution doivent présenter un rapport sur leurs activités, au moins une fois par an.
Ces rapports sont présentés au Parlement et y font l’objet de débat».Visiblement donc, l’opposition entend resserrer ses rangs et jouer les durs avec l’Exécutif. Après s’être structurée au niveau de la deuxième chambre, elle se prépare à en faire de même au niveau la première chambre.

Supériorité numérique

Les cinq formations de l’opposition au sein de la chambre des conseillers ont signé une charte commune à travers laquelle elles vont, désormais, agir en en essayant d’adopter des positions communes. Ce qui ne manquera pas de donner du fil à retordre à la majorité gouvernementale. Car le groupe des cinq est plus nombreux à la deuxième chambre, comptabilisant 156 conseillers sur les 270 que compte la chambre. Sachant que les 114 conseillers restants ne sont pas tous du côté de la majorité. C’est le cas des conseillers représentant l’Union marocaine du travail (UMT), de trois conseillers sans appartenance politique, du représentant de la Confédération démocratique du travail (CDT)…

 

Brahim Mokhliss

http://www.lematin.ma/journal/Chambre-des-conseillers-_L-opposition-promet-des-jours-difficiles-a-Benkirane/177730.html