Commémoration du 24 février : Bouteflika insiste sur la «continuité»

Fuente: 
El Watan
Fecha de publicación: 
27 Feb 2019

Ni don d’ubiquité ni mobilité réduite. C’est au Touat, à Adrar, que ressurgit l’évanescent président Bouteflika (et/ou le spectre de la présidence de la République), personnage épistolaire dont le portrait est déjà refait par la colère populaire du week-end dernier.

48 heures après les vagues de manifestations populaires «anti-5e mandat» et pour une «Algérie, libre et démocratique (Houra dimocratia)» ayant déferlé sur une bonne partie du territoire national, le Président «réagit». Par la voix de Noureddine Bedoui, très ambitieux ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales (et aménagement du territoire), réputé être le «premier flic» du pays, chargé de transmettre, avec son pesant de sommation, la réponse du berger à la bergère.

Ni tache floue ni nuage d’ambiguïté, le message «présidentiel», lu par le ministre de l’Intérieur à l’occasion de la célébration du double anniversaire de la création de l’UGTA et de la nationalisation des hydrocarbures, est aussi clair qu’un coup de force constitutionnel.

Le énième de ses vingt ans de règne borgiaque par la violence et la corruption. «Mon message (au peuple, s’entend) souligne avec force les vertus de la continuité. La continuité qui fait que chaque génération apporte sa pierre à l’édifice (…)», déclare le Président qui «brigue» un 5e mandat à la magistrature suprême. «Une continuité garantissant la persévérance dans la bonne voie et permettant de remédier aux erreurs marginales», enchaîne-t-il. Ni repentir, ni aveu d’échec.

Seulement le déni ! «Une continuité qui permettra à l’Algérie de passer à la vitesse supérieure dans la course au progrès et à la prospérité (…).» Même à Adrar, grande métropole du Sud-Ouest algérien, le «message présidentiel» ne fut pas un prêche dans le désert.

Dans la matinée, en guise de comité d’accueil populaire, des milliers de manifestants étaient venus «cueillir», à froid, la délégation officielle composée de membres du gouvernement, des leaders du patronat et de l’appareil de l’UGTA – et du directeur de campagne du président-candidat(sic) –, venus réciter, en chœur, les bienfaits du régime Bouteflika pour la nation algérienne : paix et sécurité, développement et progrès humain.

«Il est vrai que nous jouissons d’un progrès social et économique, mais nous demeurons, profondément, conscients de la nécessité de plus d’efficacité économique pour garantir la pérennité de notre choix sacré, celui de la justice sociale et de la solidarité nationale», ajoute un Bedoui récitant le message du Président au «peuple» du Touat, la future grande province gazière de cette «Algérie utile». «L’Algérie dispose du potentiel et des capacités lui permettant de gagner cette bataille, celle de l’édification et du développement et nous pouvons, à ce propos, méditer l’exemple de la wilaya d’Adrar.

En effet, le sous-sol de cette région confirme, année après année, l’immense potentiel qui nous reste, comme dans les champs gaziers de Reggan et de Timimoune, et les capacités découvertes ou à découvrir. Dans cette wilaya, toujours, l’industrie est devenue une réalité palpable grâce à la cimenterie implantée au sud de cette ville, et qui exporte désormais vers nos voisins sud (…).»

Face à la salle omnisport d’Adrar, les slogans de la «Chabiba adraria (jeunesse d’Adrar» virent au « dégagisme». «La lil ouada Al Khamissa  (Non au 5e mandat». Un hymne national.

Mohand Aziri

 

Source:https://www.elwatan.com/edition/actualite/commemoration-du-24-fevrier-bo...