Le rival en puissance

Fuente: 
El Watan
Fecha de publicación: 
15 Abr 2014

Dimanche 23 mars, début de la campagne électorale pour l’élection présidentielle. Le candidat Ali Benflis anime son premier meeting à l’ouest du pays, dans la wilaya de Mascara.

La campagne commence en douce. La salle omnisports de la ville de l’Emir Abdelkader rassemble une assistance nombreuse venue écouter l’ancien chef de gouvernement, qui termine sa première tournée dans la région par un mémorable bain de foule et un meeting auxquels ont participé des milliers de partisans. Le discours du candidat, qui insiste à chaque fois sur la non-violence, passe bien. Ali Benflis revient toujours sur l’explication de son «projet de renouveau national». Quelques axes retiennent l’attention : «L’indépendance de la justice, le pluralisme politique, la liberté de la presse», ce que le candidat appelle «la société des libertés».

Mais l’aspect de son projet qui revient le plus dans ces discours, c’est sans conteste sa proposition concernant l’élaboration d’«une Constitution consensuelle, en association avec tous les acteurs politiques de la société civile et des personnalités nationales». Ali Benflis n’a pas dépassé les limites de la bienséance, même en critiquant le président-candidat à propos de la non-limitation des mandats imposée en 2008 via un Parlement croupion.

Personne n’aurait misé un rial sur un candidat qui n’est soutenu ni par le FLN dont la direction, menée par le très contesté Amar Saadani, a préféré soutenir le président sortant ni par les autres. Tous les partis appartenant à ce que l’on appelle la mouvance nationaliste ont été transformés en comité de soutien à la candidature de Abdelaziz Bouteflika. Ali Benflis est resté cependant serein et surtout très confiant. Il a réussi une grande sortie dans le fief de son concurrent, Tlemcen.

Son discours de rupture a été vite adopté. L’ancien chef de gouvernement a réussi à un deuxième test dans la wilaya de Tizi Ouzou, où la contestation du pouvoir en place et le rejet du 4e mandat compliquent la tâche pour les candidats à l’élection présidentielle. Ali Benflis anime son meeting dans une salle de la maison de la culture pleine, se permettant même un bain de foule. Passant avec succès le test kabyle, le candidat, qui se veut rassembleur, profite des erreurs de ses adversaires et suscite, là où il passe, l’adhésion de milliers de citoyens.

A Sétif, Bordj Bou Arréridj et Béjaïa, où tous les autres candidats ont été rejetés, Ali Benflis fait salle comble. S’il est vrai que l’ancien chef de gouvernement a entretenu ces dernières années, comme il le dit, ses réseaux de soutien, le rejet du 4e mandat lui a ouvert grand les portes. Et aussi les discours et sorties médiatiques à l’emporte-pièce du directeur de campagne du président-candidat, Abdelmalek Sellal.
Suscitant une opinion favorable à l’Ouest, Ali Benflis fait un tabac à l’Est et au Centre. A Batna, Souk Ahras, Annaba, Khenchela, Oum El Bouaghi…, dans toutes les wilayas de l’est du pays, des dizaines de milliers de partisans ont assisté à ses meetings. Même dans les petites localités où il a animé des rassemblements de proximité, parfois tard dans la soirée, l’ancien chef de gouvernement capitalise la sympathie dont il bénéficie.

Au-delà de la large adhésion à son discours, il faut le dire, le candidat à l’élection présidentielle s’est imposé comme un symbole du rejet du 4e mandat du président sortant. C’est autour de lui que se cristallise l’opposition à Abdelaziz Bouteflika. C’est la raison pour laquelle il est perçu comme une menace aux desseins de ce qu’il qualifie de «partisans de la présidence à vie». Après avoir vérifié sa large popularité dans les 48 wilayas où il a fait campagne, Ali Benflis, le rival du président sortant, n’a cessé d’avertir sur le spectre d’une fraude généralisée. Pour lui, comme il l’a confié dans une déclaration reprise par la presse, il n’y a pas l’ombre d’un doute : il va gagner.

Erratum : 
Dans notre article sur le meeting du candidat Ali Benflis à Rouiba, nous avons confondu une personne présente dans la salle avec le général à la retraite Rachid Benyellès. Nous nous excusons auprès de lui pour cette erreur involontaire.

 

 

Autor: Said Rabia

Source/Fuente: http://www.elwatan.com/actualite/le-rival-en-puissance-15-04-2014-253350...