Campagne des pro-Bouteflika. Une machine grippée

Fuente: 
El Watan
Fecha de publicación: 
15 Abr 2014

Meetings «privés», sorties chahutées, d’autres annulées, faibles mobilisations… La campagne électorale pour la présidentielle du 17 avril, qui a pris fin dimanche dernier, n’a pas été une sinécure pour les promoteurs du 4e mandat au profit du président Abdelaziz Bouteflika.

Pensant, avant le début de cette tournée électorale de 21 jours, qu’ils domineraient tous leurs concurrents, les représentants du président-candidat ont été plutôt malmenés. Leurs déplacements dans les différentes wilayas du pays, censées être acquises comme ils ont tenté de le faire croire à l’opinion en annonçant l’option du quatrième mandat, ont été effectués sous haute surveillance sécuritaire. Aucun des sept représentants du président sortant n’a osé aller discourir devant les foules sans un bouclier policier pour le protéger. Et ce fut le cas dans la majorité des wilayas visitées par ces derniers.

En Kabylie, dans les Aurès et au sud du pays, les procurateurs de Abdelaziz Bouteflika ont dû annuler des meetings, ou bien s’y sont rendus presque en cachette. C’est le représentant en chef du président-candidat, Abdelmalek Sellal, qui a subi le plus la colère des citoyens qui rejettent le statu quo imposé. D’abord, ses meetings «préfabriqués en déplaçant massivement les supporters» n’ont pas attiré les grandes foules. Ensuite, l’ancien Premier ministre a été contraint de faire l’impasse sur nombre de déplacements de crainte d’affronter les populations. En plus de la wilaya de Béjaïa où il a été empêché de quitter l’aéroport de la ville, Abdelmalek Sellal a déprogrammé son meeting à Batna, remplacé par une sortie dans la vallée du M’zab (wilaya de Ghardaïa). Là aussi, il a eu droit à un accueil hostile, notamment à Metlili où son cortège a été pris à partie par des jeunes lassés des promesses sans lendemain.

Auparavant, il avait dû mesurer le rejet dont fait l’objet le régime qu’il représente à Ouargla, à Tizi Ouzou… Quant à lui, Ahmed Ouyahia, directeur de cabinet de la Présidence, a reçu sa part de la révolte des citoyens. Reçu avec des pots de yaourt à Oum El Bouaghi, l’ancien secrétaire général du RND, poussé à la démission, n’a effectué ses sorties à Béjaïa et Tizi Ouzou qu’après le déploiement d’impressionnants dispositifs sécuritaires.

Le duo Benyounès-Ghoul a échappé de peu au lynchage lors de ses sorties en France, alors qu’il a été hué plusieurs fois dans ses meetings à l’intérieur du pays. Le secrétaire général du FLN Amar Saadani, Abdelaziz Belkhadem et le secrétaire général du RND Abdelkader Bensalah se sont retrouvés, à plusieurs reprises, devant des salles vides, malgré la mobilisation forcée des fonctionnaires.
Et c’est cette désaffection populaire qui agace, en cette fin de campagne, les partisans du 4e mandat. Face à cette situation qui délégitimera, sans nul doute, le 4e mandat, ils se mettent à accuser et à diaboliser les adversaires.

Leur client est Ali Benflis. Comme à l’occasion des législatives du 10 mai 2012 où le régime mettait en garde contre «l’effet Printemps arabe», le clan du président Bouteflika désigne, cette fois-ci, «un ennemi intérieur qui menace la stabilité du pays». C’est le président sortant lui-même qui, dans des mises en scène dignes des régimes dictatoriaux, s’est chargé de cette mission de propager la psychose au sein de la société, à la veille du scrutin, pour disqualifier celui qui menace sérieusement son règne. 

 

 

Autor: Madjid Makedhi

Source/Fuente: http://www.elwatan.com/actualite/une-machine-grippee-15-04-2014-253353_1...