Orchestrée par les partisans de Bouteflika : Ignoble cabale contre Benflis

Fuente: 
El Watan
Fecha de publicación: 
15 Abr 2014

Absent de la campagne électorale, Abdelaziz Bouteflika a fait deux apparitions furtives ces deux derniers jours.

Deux phrases prononcées à l’arraché, l’une face au ministre espagnol des Affaires étrangères et l’autre face à Lakhdar Brahimi, ont suffi aux partisans du chef de l’Etat et à ses relais médiatiques pour crier au complot et créer un climat de psychose qui pèse de plus en plus lourd sur le pays.Visiblement pris de panique, le président-candidat, utilisant son statut de chef de l’Etat pour bénéficier de la primeur au journal télévisé des médias publics, joue sur la peur. Et lorsque le candidat Ali Benflis met en garde contre des tentatives de fraude et appelle les fonctionnaires de l’Etat à assumer leurs responsabilités, ses propos sont transformés en menaces.
Même quand l’ancien secrétaire général du FLN a demandé aux citoyens de surveiller leurs voix, l’appel est sorti de son contexte et devient, pour le chef de l’Etat et ses partisans, un «appel à la rébellion».

Conscient que les séquelles des années de terrorisme vécues par le pays durant la décennie 1990 sont toujours vivaces, Abdelaziz Bouteflika surfe sur la peur de voir le pays replonger dans le cercle vicieux de la violence. Pis, profitant de l’échec des transitions dans certains pays, notamment la Libye et l’Egypte, les partisans du quatrième mandat font profiler un chaos imminent, occultant de fait les vrais risques que représente justement une énième fraude de ce scrutin.

A peine prononcées, les phrases du chef de l’Etat deviennent une bible et sont reprises comme des refrains d’hymnes nationaux par les chaînes de télévision et journaux privés qui font campagne pour Bouteflika, offrant ainsi le spectacle de la propagande des grandes dictatures avec comme cible Ali Benflis. Sont lancés à l’unisson des slogans appelant les Algériens «à déjouer le complot qui vise à légitimer une intervention étrangère» dans le pays. Alors qu’il est le monopole de Louisa Hanoune, ce sujet d’un risque d’intervention étrangère devient, comme par enchantement, une menace sérieuse aux yeux des proches de Abdelaziz Bouteflika.

Tension entretenue

Dans ces boucliers levés contre la «destabilisation», les médias proches de Bouteflika désignent sans ambages Ali Benflis et lui prètent les pires visées. Les animateurs du mouvement Barakat et les médias indépendants, ainsi que ceux qui appellent au boycott du scrutin, sont par ailleurs vus non comme des opposants, mais plutôt comme des «ennemis» à abattre. Tous ces Algériens qui ne soutiennent pas un quatrième mandat deviennent des pestiférés et des agents à la solde de puissances étrangères.

Pourtant, c’est à un ministre des Affaires étrangères d’une puissance étrangère (l’Espagne) que Bouteflika s’est plaint des propos de Ali Benflis. C’est également en pleine campagne électorale que le chef de l’Etat sortant a fait venir le chef de la diplomatie américaine et l’émir du Qatar. Mais cela est justifié par la propagande officielle comme «un succès» de la diplomatie de Bouteflika.

Cette nouvelle chasse aux sorcières n’est pas sans conséquences. La cabale lancée contre Benflis atteint des seuils surprenants dont la logique a de quoi inquiéter. C’est aux instances de surveillance du processus électoral – dans sa phase concernant notamment le déroulement de la campagne électorale – que revient théoriquement la tâche de confondre tout manquement à l’éthique, qui plus est lorsqu’il s’agit d’appels à la violence. C’est vers elles qu’auraient dû aller les plaintes de ceux qui s’estiment «menacés». Or, en l’occurrence, c’est un candidat bénéficiant de l’appui décisif et pratiquement assumé de l’appareil de l’Etat qui, non seulement crie au loup, mais voue le candidat adverse à la culpabilité de couver des desseins funestes pour le pays.

Cette escalade ne peut pas rester dans le cadre de la confrontation entre candidats que la proximité du jour J pousserait à muscler leurs propos.Dans ce contexte, c’est un chef d’Etat, candidat à sa succession, qui, par deux fois, prend à témoin des hôtes reçus en principe au nom de l’Etat et non au nom de sa propre direction de campagne, sur les «ruades» par trop agressives de son rival. Faut-il s’attendre à une action qui serait intentée contre Benflis et ses partisans ou Bouteflika joue-t-il simplement la victime pour un tant soit peu rattraper ce qui peut l’être d’une campagne à plusieurs égards calamiteuse ?

 

 

Autor: Ali Boukhlef

Source/Fuente: http://www.elwatan.com/une/orchestree-par-les-partisans-de-bouteflika-ig...