Dialogue politique : Dakar 2009 et Nouakchott 2014 seront-ils différents ?

Fuente: 
Le Rénovateur Quotidien
Fecha de publicación: 
14 Abr 2014

C’est aujourd’hui (NDLR : hier lundi 14 avril courant) que les pourparlers entre les différents protagonistes politiques devraient être lancés en début de soirée, après un léger retard.

Un report de quelques heures dû essentiellement à des réajustements de dernière minute, faits de part et d’autre des négociateurs au sein de leur délégation pour booster au maximum les chances d’aboutir enfin à un consensus.

Le moral était au beau fixe pour tout le monde et l’optimisme permis, malgré des craintes perceptibles chez les opposants de tout bord.

Le forum et la CAP qui nourrissent d’énormes attentes dans l’assouplissement de la majorité et du gouvernement de leurs positions, sont pris de suspens de voir tous les espoirs volés en éclat à la première heure des discussions, particulièrement chez le camp.

Des prémonitions qui ont conduit certains observateurs à s’interroger si l’accord de Dakar de 2009, conclu à l’époque entre les représentants du mouvement de rectification d’aout 2008 et le défunt FNDD serait différent du dialogue 2014 de Nouakchott en gestation entre les différents protagonistes politiques.

Des pourparlers passés paradoxalement de l’arithmétique de concertation courante du face-à-face entre deux négociateurs à celle mettant en confrontation plusieurs groupes défendant chacun des intérêts difficiles à harmoniser pour aboutir à un consensus.

C’est d’autant vrai qu’au moment où le forum et la CAP voient la situation au pays au rouge, le Président mauritanien Ould Abdel Aziz affirme totalement le contraire, estimant que la situation politique n’a jamais été meilleure avant aujourd’hui, sous son premier mandat quinquenal.

L’homme fort de Nouakchott va sereinement dans ces discussions et affiche un grand optimisme pour les futures élections présidentielles dans un contexte caractérisé par d’excellents rapports avec la communauté internationale.

Autant d’atouts qui peuvent pousser le pouvoir à ne pas faire de concessions à ces discussions décisives, du moins à ne pas se montrer très souple à ces concertations au point de compromettre ses chances considérables de rempiler pour un second mandat présidentiel de cinq ans.

L’opposition qui va à ces concertations scindée en deux voire trois, notamment radicale et de modérée, souffre déjà du grand défaut de son effraction de son statut traditionnel de force homogène, une et indivisible, militant bon gré mal gré pour les mêmes objectifs contre un seul et même adversaire qu’est le pouvoir.

Cette bipolarité extradémocatique de l’opposition est déjà une insuffisance notoire pour le succès du dialogue en gestation et explique à bien des égards, à l’expérience politique de la Mauritanie, de ces dernières décennies, pourquoi le pouvoir est demeuré constamment dominateur, usant d’une opposition docile contre une autre radicale pour servir ses intérêts et asseoir sa suprématie en dupant les contrepouvoirs.

Les réticences à la participation à ces concertations nationales du RFD qui est finalement allé à ces discussions, sont d’ailleurs là présentes devant nos yeux, pour expliquer les raisons qui poussent ce parti à faire mille et une réflexions avant de récidiver dans ses erreurs fatales d’antan d’avaliser des pseudos dialogues au finish au gout amère.

Même s’il n’a pas expliqué les raisons qui l’avaient poussé un premier temps à s’absenter des discussions, alors que tous ses compagnons de lutte politique au sein de la COD au cours de ces dernières années seraient représentés à ces concertations, le RFD s’est montré régulièrement prudent, de cautionner des résultats d’un dialogue qui échappent à son contrôle même partiellement et qu’il sera contraint d’assumer ses responsabilités dans l’avenir.

L’expérience du mouvement de rectification et de l’accord de Dakar de 2009 sont en effet toujours présentes dans l’esprit du RFD, ce parti qui a apporté son aval à ces deux événements historiques de la vie politique mauritanienne contemporaine, avant de faire marche arrière, après s’être rendu de l’escroquerie politique.

Comme dit l’adage local « talia hiye el ghalia », le RFD n’est pas disposé à parapher un pseudo consensus qui pourra sonner sa mort politique dans les prochains mois, une fois le pouvoir ayant réussi à bien fonctionner son plan B de direction sans partage de la Mauritanie.

Mais devant l’embarras du choix de deux maux, le RFD contraint d’opter pour le moins nocif est finalement parti au dialogue, mais comme l’UFP lui aussi « échaudé » ont tous les deux préférés ne pas prendre les devants, préférant restés tous prêts de leurs arrières bases politiques en cas de nouveau blocage politique.

Autor: Md O Md Lemine

Source/Fuente: http://www.le-renovateur.com/dialogue-politique-dakar-2009-nouakchott-20...