Bensalah réconduit pour un troisième mandat au Sénat

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Tout sur l'Algérie
Fecha de publicación: 
09 Ene 2013

L’Algérie serait-elle devenue un pays trop important pour laisser les Algériens décider seuls de leur destinée, plus que jamais menacée ? C’est que l’enjeu tétanisant de la présidentielle de 2014, retourne les entrailles au landerneau politique national, au point que sous nos latitudes particulières, c’est le fameux "mouvement" annoncé qui risque d’immobiliser le pays pour très longtemps encore.

 La reconduction sans surprise ce mercredi 9 janvier de Bensalah à la tête de la chambre haute du Parlement, consacre le verrouillage à double tour du jeu politique, devenu otage de dangereuses stratégies d’officines et d’une curieuse conception de l’exercice du pouvoir. À seize mois de la présidentielle, la grosse machine du pouvoir se met en ordre de bataille pour assurer ce qui paraît être une succession contrôlée à la tête du pays. Sans préjuger du prochain "cuisinage" de la Loi fondamentale, rien ne sera laissé au hasard pour assurer un renouvellement in vitro du personnel politique aux commandes du pays.

 Personne n’est dupe que par un artifice juridique scélérat, Bensalah ne peut pas succéder à Bouteflika, dans le scénario peu probable de vacance de pouvoir. C’est l’actuel président du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaïz, homme‑lige de Bouteflika, qui serait appelé à assurer l’intérim de la présidence de la République en cas d’incapacité de l’actuel président à assumer ses fonctions. La mise hors course d’éventuels concurrents à l’actuel locataire du palais d’El Mouradia, à l’exemple d’Ouyahia, démissionné du gouvernement puis de la direction de son parti, et la bataille féroce qui s’annonce au sein de l’ex‑parti unique pour se mettre dans les faveurs du chef, augure d’un scénario cauchemardesque dont les auteurs ne sont autres que Bouteflika et la flopée d’auxiliaires qui gravitent autour de la gigantesque mangeoire du Régime.

 Les manœuvres qui consistent à désigner des ministres limogés et des "amis" au sein du Conseil de la Nation consacrent cet autre signe particulier du pouvoir algérien : continuer à faire manger par louchées entières ceux qui ont pour seule qualité de ne jamais ouvrir la bouche, et continuer à ramer dans le sens du "béniouiouisme" ambiant.

 En tout état de cause, sous le ciel chargé de la République, soit Bouteflika rempilera pour un 4e mandat, comme semblent le désirer Amar Ghoul et les parlementaires du FLN, soit il mettra en pratique le plan B, qui consiste à verrouiller hermétiquement le jeu pour s’assurer d’un passage de témoin sans heurt pour Bouteflika, ses intérêts, et ceux de son clan.

Dans un pays où la faculté du développement est depuis longtemps en panne, faut-il se résoudre, le désespoir dans l’âme, à attendre – pour longtemps encore ? – la fin biologique du vieux personnel politique aux manettes du pays pour espérer voir la majorité silencieuse des Algériens enfin accoster sur les rivages du salut ?
 
Rabah Amir