Le bal est fini: depot de candidatures aux présidentielles

Fuente: 
La Presse
Fecha de publicación: 
23 Sep 2014

 Les candidats retenus définitivement à la course au palais de Carthage seront connus le 25 octobre prochain. Ceux qui seront déboutés peuvent s’adresser à la justice immédiatement après l’annonce par l’Isie de la liste préliminaire des candidats, soit au plus tard lundi prochain
Les dés sont jetés. Le dépôt des candidatures à l’élection présidentielle a été clôturé, hier, avec un nombre avoisinant les 70 candidats aspirant à accéder à la magistrature suprême et occuper le Palais de Carthage durant les cinq prochaines années (2015 - 2020). Rappelons que le premier tour se déroule le 23 novembre 2014 et que la prise de ses fonctions par le chef de l’Etat s’effectuera en 2015 même s’il est élu lors du premier tour.
Outre les barons de la scène politique nationale, qui ont soumis successivement à l’Isie leurs dossiers de candidature en prenant le soin de bien les ficeler (certains ont joint aux parrainages de 10 constituants ou plus les signatures qu’ils ont collectées auprès des électeurs bien que la loi ne les y oblige pas, d’autres ont ajouté un certificat médical sur leur bonne santé, certificat qui n’est pas exigé), l’opération de dépôt de candidature à la présidentielle a été marquée par un phénomène qui a suscité l’attention des Tunisiens et qui pousse à la réflexion sur ses dessous ou ses motivations.
Il s’agit des candidatures qu’on pourrait qualifier de «folkloriques, farfelues ou fantaisistes», dans la mesure où leurs auteurs se sont déplacés au siège de l’Isie pour y déposer des dossiers qu’ils savaient incomplets et qui seront à coup sûr déclarés irrecevables, puisque n’ayant pas satisfait aux conditions exigées par la loi électorale.
Plus encore, ces candidats ont déclaré aux journalistes qui suivaient l’opération qu’ils n’ont pas réussi à collecter les parrainages et les signatures demandées, et qu’ils ne disposent pas de la caution de l’ordre de 10 mille dinars à verser à l’Isie.
Adel El Almi, président du parti Ezzitouna et président de l’Association de l’incitation à la vertu et de lutte contre le vice, est allé jusqu’à accuser des constituants de trahison car ils lui ont promis de lui accorder leur parrainage puis ils se sont rétractés à la dernière minute.
Il est allé encore plus loin en dénonçant la loi électorale, arguant que la disposition relative aux parrainages et aux signatures est illégitime et contraire à la religion. Ce qui ne l’a pas empêché de déposer sa candidature en sachant d’avance qu’elle sera rejetée.
Quatre autres candidats ont emboîté le pas à Adel El Almi et ont déposé leurs dossiers sans parrainage de la part de constituants ou de signatures de la part des électeurs. Il s’agit de Abderrahmane Khlifi, Abdallah Saïd, Omrane Ben Hassine et Bacheur Sakli.

Que pouvait faire l’Isie face à ces candidats ?
«Rien, sauf réceptionner les dossiers en question et délivrer à leurs auteurs un récépissé temporaire dans lequel sont cochées les pièces manquantes», précise une source informée auprès de l’Isie.
La même source ajoute : «Lors de la période de l’examen des candidatures, les candidats aux dossiers incomplets sont informés par l’Isie de la nécessité de compléter leurs dossiers en fournissant les documents manquants. Donc, ils disposent de la chance de se rattraper avant que la  liste définitive des candidats déclarés recevables ne soit arrêtée».
Cette dernière opération est l’aboutissement de tout un processus élaboré par l’Isie et fixé dans le calendrier électoral déjà publié.
Trois dates marquent ce calendrier. D’abord, le 22 septembre 2014 (hier), date de la clôture officielle du dépôt des candidatures à la présidentielle. Ensuite, le  29 septembre, soit lundi prochain, le dernier délai de l’annonce de la liste des candidats déclarés acceptés préliminairement.
Enfin, l’annonce de la liste définitive des candidats à la présidence. En attendant que «la sélection» des candidats soit opérée par l’Isie, la machine juridique peut être saisie par les candidats déclarés irrecevables immédiatement après l’annonce  par l’Isie de la liste des candidats préliminaires, soit au plus tard lundi prochain.
Ceux qui considéreront que leur candidature a été récusée injustement peuvent ester en justice, au premier degré, auprès du Tribunal de première instance relevant de la circonscription où ils sont candidats. Au deuxième degré, ils peuvent déposer requête auprès du Tribunal administratif dont les jugements sont définitifs. Au cours des deux  degrés de pourvoi en justice ordinaire et en justice administrative, les jugements doivent être  rendus dans un délai maximum de trois semaines.

Une unité de contrôle de la campagnes électorale
Face aux accusations des uns et des autres selon lesquelles l’argent sale a coulé à flots pour l’achat des signatures des électeurs ou des parrainages des constituants, l’Isie  a-t-elle les  moyens d’intervenir et de sévir avant l’organisation de l’élection présidentielle ?
«Oui, répond notre source. Le conseil de l’Isie peut se réunir pour examiner les plaintes qui lui seront soumises et décider le rejet d’une candidature ou de plusieurs candidatures à la présidentielle au cas où il y aurait eu achat de signatures ou de parrainages». En attendant, l’Isie a déjà mis en place une unité pour le  contrôle du déroulement de la campagne électorale au niveau du financement, des activités des partis en compétition et de la couverture médiatique.
Plus de 1.000 membres opéreront au sein de cette unité, à travers l’ensemble du pays, et  soumettront leurs rapports aux Irie  dont ils relèvent. Ces dernières doivent réagir immédiatement face aux cas de dépassement qui leur seront signalés.

A. Dermech

Source: http://www.lapresse.tn/23092014/88234/le-bal-est-fini.html