Même s’il a fait l’objet d’un fort consensus lors de l’élaboration de la Constitution, le régime politique actuel répartissant le pouvoir entre le législatif et l’exécutif pourrait bientôt être revu.
En effet, le président de la République Béji Caïd Essebsi envisagerait de relancer le débat sur un éventuel changement du régime politique en cours. C’est ce qu’a annoncé “Acharaâ El Magharibi” dans son édition de ce mardi 13 mars 2018.
D’après l’article 143 de la Constitution, “l'initiative de la révision de la Constitution revient au Président de la République ainsi qu'au tiers des députés de l'Assemblée des représentants du peuple. L'initiative émanant du Président de la République bénéficie de la priorité d'examen.”
Or d’après Saïda Garrache, la porte-parole de la présidence de la République, “le chef de l’État ne veut pas être à l’origine de cette initiative.” Elle a, d’ailleurs, clairement défendu Caïd Essebsi en indiquant que même si la constitution donne le privilège au président de la République de lancer une initiative pour changer le régime politique du pays, ce dernier préfère que cet amendement émane du parlement. A-t-il changé d’avis? Une question qui demeure sans réponse puisque le HuffPost Tunisie a essayé de joindre la porte-parole de la présidence, sans succès.
Contactée par le HuffPost Tunisie, Salwa Hamrouni, spécialiste en droit constitutionnel, voit la possibilité d’une révision de la Constitution comme une "grande aberration". Certes le texte prévoit pareil cas et permet au président lui-même ou au tiers des députés de présenter une initiative dans ce sens. Mais un problème de procédure risque d’être posé: la non-existence encore de la Cour constitutionnelle susceptible d’en évaluer la constitutionnalité.
D’après elle, en l’absence de l’assise constitutionnellement mise en place, pareille initiative constituerait "une violation grave", un choix "prématuré" et un débat "risqué".
Ainsi face à ces entraves, le journal spécule que cette proposition n’est autre qu'une “manoeuvre” pour que Béji Caïd Essebsi brigue un nouveau mandat à la tête de la présidence ou de faire illusion de son intention de renouveler son mandat. Pour le journal, à l’instar de sa proposition relative de l’égalité dans l’héritage, le président de la République, préfère gérer les différends d’"importance cruciale” en lançant “la balle aux autres” et se dégager de toute responsabilité. Ainsi, en jetant ce pavé dans la mare, Béji Caïd Essebsi compte-t-il captiver de nouveau les regards et regagner en popularité?
https://www.huffpostmaghreb.com/2018/03/13/nouveau-regime-bce-tunisi_n_1...