L'impossible dialogue entre le pouvoir et l'opposition

Fuente: 
C.R.I.DE.M
Fecha de publicación: 
16 Abr 2018

Une rencontre préliminaire visant à établir un dialogue entre le pouvoir et le Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU), rassemblement composé de partis politiques, organisations de la société civile, centrales syndicales et personnalités indépendantes, dans la perspective d’une gestion concertée du futur processus électoral étalé sur les années 2018 et 2019, s’est soldée par un échec, ce week-end. 

Pire, le nouvel épisode a débouché sur un début de polémique entre les deux chapelles. En effet, une délégation de la majorité composée de Seydina Ali Ould Mohamed Khouna, ancien ministre, secrétaire général de la Présidence, maître Sidi Mohamed Ould Maham, président de l’Union pour la république (UPR), principal parti de la majorité, et Othman Ould Cheikh Abou El Maali, président de la coalition des partis de la majorité, a rencontré deux émissaires du FNDU.

Le collectif de l’opposition avait envoyé deux émissaires: le président du Rassemblement national pour la réforme et le développement (RNRD/Tawassoul), courant islamiste modéré, le député Mohamed Mahmoud Ould Seyyid, et le leader du Pacte national pour la démocratie et le développement (PNDD-ADIL), Yahya Ould Ahmed Waghef, ancien Premier ministre.

Au cours de cette rencontre, les envoyés du pouvoir «ont exprimé les bonnes dispositions du camp présidentiel, prêt à accepter que deux représentants de l’opposition siègent au sein de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), en vue d’associer le FNDU au contrôle du processus électoral qui pointe à l’horizon» rapporte une source bien informée.

Par ailleurs, la délégation de la majorité a proposé aux représentants du collectif de l’opposition la signature conjointe d’un texte à travers lequel étaient exposées toutes «les réalisations grandioses» et «les avancées fulgurantes» de la Mauritanie sous le magistère du président Mohamed Ould Abdel Aziz, censé servir de pacte d’entente matérialisant un consensus autour des questions essentielles.

Les plénipotentiaires du FNDU n'ont pas mordu à l'appat et ont décliné les deux «cadeaux empoisonnés» et rappelé la position du collectif sur les grandes questions nationales. 

Parmi ces rappels figurent «les conditions nécessaires à un climat politique apaisé et un dialogue national inclusif: la libération des détenus d’opinion et l’arrêt des poursuites contre les sénateurs, les syndicalistes et les journalistes».

Ainsi, cette rencontre préliminaire s’est soldée par un échec, comme les précédentes d'ailleurs, dans un pays où le pouvoir traîne un lourd déficit en matière de culture du dialogue, et où l'opposition n'accepte plus d'être un dindon de la farce.

Echec et polémique

Ce nouvel épisode est à l’origine d’un début de polémique entre les deux chapelles. Ainsi, dans un tweet ravageur, le président de l’Union pour la république (UPR), maître Sidi Mohamed Ould Maham, tire sur le FNDU et annonce «la fin des négociations dimanche à 3 heures du matin, à la suite d’une deuxième rencontre secrète» entre la majorité et le forum.

En réplique à cette sortie, Lô Gourmo, vice-président de l’Union des forces de progrès (UFP), raille «l’ivresse toute trumpienne (référence au nom du président américain) du Tweet. L’art de la manipulation et de la désinformation. Le président de l’UPR sait mieux que personne que les quelques rencontres tenues ces derniers jours étaient exploratoires pour permettre aux parties d’évaluer la disponibilité des uns et des autres à ouvrir un dialogue sérieux et sincère.

Les représentants du forum avaient pour mission de recueillir le point de vue des gens du pouvoir et de donner la vision générale de l’opposition démocratique sur le principe et les conditions de toute éventuelle discussion».

Et d'ajouter que ces rencontres exploratoires devaient se dérouler «dans la plus grande discrétion» jusqu’à leurs conclusions, conformément à la volonté des deux parties

La Mauritanie se dirige vers un agenda électoral chargé en 2018 et 2019, notamment des législatives, des régionales, des municipales et une présidentielle… qui risquent d’être boycottées à nouveau par l’opposition qui n’a pas participé à la dernière présidentielle, ni aux législatives, ni au référendum constitutionnel d’août dernier. 

Cheikh Sidya 

http://cridem.org/C_Info.php?article=710143