Les contacts politiques se sont poursuivis durant le week-end dans la perspective de la séance électorale d'aujourd'hui qui devrait, sauf surprise de dernière minute, déboucher sur l'élection du 13e président de la République libanaise en la personne du chef du bloc parlementaire du Changement et de la Réforme, Michel Aoun.
Le général Aoun a continué à recevoir de nouveaux appuis de la part de blocs parlementaires au cours des dernières 48 heures, alors que son principal rival dans la course électorale, le leader des Marada, Sleiman Frangié, appelait les parlementaires qui le soutiennent à se contenter de déposer un bulletin blanc dans l'urne.
Frangié et les bulletins blancs
Le front opposé à la candidature de M. Aoun, qui s'était articulé ces derniers jours surtout au niveau de l'axe entre M. Frangié et le président de la Chambre, Nabih Berry, s'est progressivement amenuisé. Au terme d'une réunion avec M. Berry samedi à Aïn el-Tiné, M. Frangié a estimé qu'après un premier décompte, il avait été décidé de transformer toute voix en sa faveur en bulletin blanc. « Que celui qui souhaite voter pour moi dépose un bulletin blanc », a indiqué le leader des Marada à l'issue de la rencontre. « Je considère que la stratégie de la bataille est désormais de marquer le coup à travers un bulletin blanc. Nous ne voyons plus de bataille, mais un consensus », a-t-il ajouté, tout en précisant qu'il ne s'agissait aucunement d'un retrait de la course présidentielle. « C'est ainsi que nous exprimerons notre rejet de ce fait accompli », a-t-il noté.
Le chef des Marada a ensuite rencontré samedi le chef du courant du Futur, le député et ancien Premier ministre Saad Hairiri, à l'hôtel Le Gray. Devant M. Frangié, M. Hariri a estimé que « l'élection d'un président lundi (demain) est dans l'intérêt du Liban », précisant qu'il reste avec M. Frangié « pour le meilleur et pour le pire ». « J'ai aussi dit à mon ami Sleiman Frangié que nous sommes jeunes et que l'avenir est devant nous », a-t-il ajouté. « Notre chemin ensemble est long et nous sommes avec lui dans ce qu'il fait », a-t-il ajouté. « Nous n'avons rien contre Saad Hariri », a indiqué de son côté M. Frangié.
Soutien du PSNS, du PDL et du Baas à Aoun
Auparavant, M. Berry avait présidé une réunion de son groupe parlementaire. Dans un communiqué publié à l'issue de la réunion, le bloc a souligné qu'il assurerait le quorum pour la séance d'aujourd'hui, soulignant son soutien à la candidature de Sleiman Frangié.
Également à Aïn el-Tiné samedi, le député Michel Murr, qui a renouvelé samedi son alliance avec Nabih Berry, ainsi que le député du Parti syrien national social (PSNS), Assaad Hardane. Peu après la rencontre avec M. Berry, samedi soir, le PSNS (qui compte deux députés à la Chambre et originellement favorable à M. Frangié) a publié, à l'issue d'une réunion sous la présidence du chef du parti, l'ancien ministre Ali Kanso, un communiqué exprimant son soutien au général Aoun à la présidence de la République. Le communiqué justifie son choix « par ses liens profonds » avec le candidat, « la foi dans sa volonté sincère d'édifier un État civil fort et juste (...) et son soutien à la résistance face à l'ennemi israélien ».
M. Berry a par ailleurs reçu hier les représentants de deux autres partis politiques qui, de l'appui à la candidature Frangié, se sont ralliés ouvertement à la candidature Aoun: le député Talal Arslane, chef du Parti démocratique libanais (PDL), et le député Assem Kanso, du parti Baas. Dans un communiqué publié samedi à l'issue d'une réunion extraordinaire, le PDL a lui aussi affirmé qu'il avait pris la décision de voter en faveur du général Aoun à la séance d'aujourd'hui. Quant au parti Baas (deux députés), il a affirmé hier dans un communiqué se tenir « aux côtés de l'homme d'État et des institutions, Son Excellence le général Michel Aoun » au cours de la séance électorale.
Signalons enfin que les députés Nagib Mikati et Ahmad Karamé ont publié un communiqué commun samedi concernant l'élection présidentielle, soulignant qu'ils déposeraient tous les deux un bulletin blanc, « en conformité avec le souhait du candidat et ami Sleiman Frangié ».
Joumblatt et le Rassemblement démocratique
De son côté, le Rassemblement démocratique, réuni samedi sous la présidence de son chef, le député Walid Joumblatt, a comme prévu – au lendemain de la rencontre, vendredi soir, entre MM. Aoun et Joumblatt – exprimé son soutien à la candidature du général Aoun à la présidence de la République. M. Joumblatt a souligné que la grande majorité des membres du Rassemblement voteront lundi en faveur de M. Aoun. « Lundi, je mettrai fin à près de 40 ans de vie politique en votant pour le général Michel Aoun. Ce qui s'est produit dans le passé, je le disséquerai un jour parce que cela a des dimensions locales, régionales et internationales », a-t-il noté.
Saad Hariri et le CPL
Sur le front des parrains électoraux de la candidature Aoun, le chef du courant du Futur, le député et ancien Premier ministre Saad Hariri, a obtenu samedi une double bénédiction en faveur de son accord avec le général Aoun de la part du patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, et du mufti de la République, le cheikh Abdellatif Deriane (lire par ailleurs). M. Hariri a par ailleurs reçu hier à la Maison du Centre le député Khaled Daher, qui a rendu hommage à sa décision de soutenir la candidature de Michel Aoun, ainsi que le député Mohammad Safadi. De son côté, Ahmad Hariri, secrétaire général du courant du Futur, a souligné samedi, au cours d'un déplacement à Majdel Anjar, que, par sa démarche, Saad Hariri avait « torpillé les agendas visant à mener le Liban au suicide », tandis que le député Okab Sakr arrivait hier soir à Beyrouth pour prendre part à la séance électorale au terme d'une absence de plusieurs années du Liban due au conflit syrien.
Quant aux cadres du Courant patriotique libre (CPL), ils ont poursuivi leurs contacts avant la journée électorale, concluant leur tournée par une rencontre avec le secrétaire général du Parti communiste libanais, Hanna Gharib, et avec l'Union pour le Liban de Massoud Achkar.
La tournée de l'émissaire saoudien
Parallèlement, le ministre d'État saoudien aux Affaires du Golfe, Thamer Sabhan, a conclu hier sa vaste tournée au Liban pour sonder l'opinion des différentes parties libanaises, quittant Beyrouth à destination du Caire. Durant le week-end, l'émissaire saoudien avait rencontré notamment Nabih Berry; Saad Hariri en présence du chef du bloc du Futur, Fouad Siniora ; le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk ; et MM. Ghattas Khoury, Bassem Sabeh et Nader Hariri ; le leader des Marada, Sleiman Frangié ; le ministre démissionnaire de la Justice, Achraf Rifi ; le député Talal Arslane en présence de l'ancien ministre Marwan Kheireddine ; le cheikh Akl druze Naïm Hassan ; le commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi ; le député Boutros Harb en présence du député Dory Chamoun et de l'ancien député Farès Souhaid; et l'ancien ministre Fayçal Karamé.
Source: http://www.lorientlejour.com/article/1015643/lopposition-a-la-candidatur...
