Faire barrage à la réélection de Benabdellah

Fuente: 
Huffpost
Fecha de publicación: 
14 Mar 2018

À l’approche de son 10e congrès national, prévu du 11 au 13 mai prochain, le PPS est secoué par une scission interne. Elle porte le nom de "Kadimoune" ("Nous arrivons") qui se veut être le courant des militants pour "le vrai PPS". "Le courant existe, en fait, depuis le 6e congrès du PPS, en 2002. Il a toujours été un courant d’idée mais n’a jamais été structuré. À présent, nous avons mis en place notre bureau national et nous entamons en ce moment la structuration du courant à travers les régions", explique au HuffPost Maroc le coordinateur national du courant, Hassan Benkabli.

Une assemblée générale pour la constitution de ce courant a eu lieu, il y a dix jours, le 4 mars à Casablanca. Un conseil national et un bureau national ont ainsi été constitués à l’occasion. "Nous nous réunissons dans les locaux du parti. Personne ne nous reproche cela, d’autant que plusieurs sections nous ont rallié", précise le coordinateur, préférant ne pas parler de scission interne, mais plutôt "d’union des militants" qui s’est avérée inéluctable. Et pour cause, le courant affirme avoir tenté de se fondre dans le parti, de participer à sa gestion, mais qu’il en a été empêché à chaque congrès. "La direction actuelle a systématiquement exclu les militants de ce courant de tout poste de responsabilité au sein du PPS. Nous avons cherché à coexister, à rester, à exprimer nos idées et nos opinions avant de nous résigner à entamer la structuration du courant", souligne Hassan Benkabli, militant au PPS depuis plus de 30ans.

Dans l'expression de ses idées, le courant estime justement qu’il est en opposition totale avec l’actuelle direction. "Elle a des dérives droitières que nous ne pouvons supporter. Elle a voté des lois de finance anti-populaires contre la classe moyenne et ouvrière que nous défendons", fustige le coordinateur national du courant. Et d’ajouter aux arguments légitimant la structuration officielle de "Kadimoune", le choix du PPS de s’allier au PJD. "Nous avons toujours estimé que cette alliance était contre-nature. D’ailleurs, dès que le PPS avait rallié la majorité du PJD, nous avions haussé le ton", rappelle-t-il.

A présent, c’est une nouvelle page de l'histoire du PPS que souhaite tourner ce courant. Les militants "Kadimoune" se montrent révoltés contre les préparatifs du prochain congrès. "Le secrétaire général, Nabil Benabdellah, a décidé d’exclure le comité central (CC) qui est équivalent au parlement du parti, dont nous faisons partie, du prochain congrès national. Ce n’est pas normal qu’une partie de la direction en soit bannie!", s’exclame le coordinateur du courant qui est également membre du CC.

Le courant pointe du doigt l’absence de règlement interne au PPS qui aurait permis justement d’éviter "des décisions unilatérales injustifiées". "Sur les 1272 personnes que compte le CC, le secrétaire général en a réuni moins de 200 pour prendre cette décision d’exclusion sans quorum", souligne Hassan Benkabli.

Une goutte qui a fait déborder le vase des militants "Kadimoune". "Nous ferons des démarches auprès de la justice pour contester les décisions qui ne sont pas réglementées. Mais nous tenons à préciser que nous n’agissons pas contre la personne de Nabil Benabdellah, mais contre une ligne politique adoptée par un groupe au sein du PPS qui agit par diktat sur l’ensemble des militants du parti", tient-t-il à nuancer.

Le changement tant espéré par les militants du courant repose sur la nécessité d’apporter un sang nouveau à la direction. Et cela passe, pour eux, par un renouvellement du secrétaire général. "Nous sommes contre un troisième mandat pour Nabil Benabdellah. Les échecs que le PPS a essuyés depuis les dernières élections sont à mettre sur le compte de ses choix politiques", insiste le coordinateur national du courant.

En parallèle, le comité préparatoire national du congrès du PPS annonce que les préparatifs à ce dernier se poursuivent normalement et conformément au programme établi et approuvé par le comité central.

 

 
Leïla Hallaoui