Le président de la Commission de supervision des législatives reconnaît les limitations

Fuente: 
L'Orient Le Jour
Fecha de publicación: 
24 Abr 2018

Le juge Nadim Abdel Malak affiche sa volonté de poursuivre sa mission avec les moyens du bord.

Le président de la Commission de supervision des législatives, le juge Nadim Abdel Malak, a assuré hier que cette instance « n’a aucun pouvoir » sur les ministres et députés qui se portent candidats aux législatives. 
« Cette instance est permanente, mais n’est pas totalement indépendante », a indiqué le président qui a précisé qu’elle n’a pas non plus la personnalité morale pour qu’elle puisse porter plainte. « Elle ne dispose pas d’un appareil sécuritaire sur lequel elle peut compter », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse tenue au lendemain de la démission d’un de ses membres, Sylvana Lakkis.
Ayant reconnu les limitations imposées par la loi à la commission, le président s’est par ailleurs voulu rassurant pour ce qui est de la poursuite de sa mission de supervision dans « les limites que nous accorde la loi », a-t-il répété à l’envi. 
Évoquant les difficultés logistiques auxquelles est confrontée cette instance depuis sa mise en place, il a affirmé que pour l’heure, « il n’y a plus d’obstacles sérieux qui entravent le fonctionnement de la commission », rappelant que le budget de l’organisme « vient d’être approuvé », après que des membres de la commission se sont plaints de l’absence de fonds nécessaires pour faire leur travail. 
Sylvana Lakkis, l’un des onze membres de la Commission indépendante de supervision des élections, avait démissionné de ses fonctions vendredi. Lors d’une conférence de presse, Mme Lakkis, qui représente la société civile au sein de la commission en sa qualité de présidente de l’Union des handicapés au Liban, a énuméré les motifs qui l’ont poussée à rendre son tablier, dénonçant principalement le dévoiement de la mission de la commission.
« Nous essayons toujours de surmonter certaines difficultés mentionnées par Mme Lakkis, mais cela ne nous forcera pas à démissionner », a affirmé M. Abdel Malak. Il a également indiqué qu’après avoir consulté le ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk, il a contacté Mme Lakkis et lui a demandé de reconsidérer sa démission, mais n’avait reçu aucune réponse.
Pour sa part, Mme Lakkis a assuré hier qu’elle ne reviendrait pas sur sa démission. « Les raisons qui m’ont poussée à démissionner sont claires dans mon communiqué et tiennent toujours », a-t-elle dit, exprimant l’espoir que la commission « puisse surmonter les obstacles qui se tiennent sur ma route ».

Auditeurs

M. Abdel Malak a en outre indiqué que la commission aura bientôt recours à des auditeurs afin d’évaluer les sommes dépensées par les candidats pour leur campagne électorale et voir s’il y avait des dépassements. 
Le président a défendu le rôle de la commission, en soulignant son indépendance relative par rapport au ministère de l’Intérieur où elle siège. « Il n’y a pas de tutelle sur ce corps, sauf la loi », a-t-il dit. La commission travaille en coordination avec le ministère de l’Intérieur, qui a le droit d’assister à ses réunions s’il le souhaite, a-t-il ajouté, mais « le ministre de l’Intérieur (candidats aux législatives) n’a jamais assisté à l’une de nos réunions et ne s’est jamais impliqué ». « Il n’y a rien dans la loi qui empêche les ministres de se présenter aux élections », a poursuivi M. Abdel Malak. 
« Si nous constatons qu’un média ne donne pas de temps d’antenne à un candidat ou limite sa couverture médiatique, nous le poursuivons », a assuré M. Abdel Malak. « Nous surveillons ce qui se passe sur le terrain, mais nous ne pouvons pas l’arrêter, a aussi dit le juge Abdel Malak. Nous pouvons uniquement émettre des avertissements et soumettre des plaintes au Conseil constitutionnel, mais nous n’avons pas le pouvoir d’engager des poursuites. »

https://www.lorientlejour.com/elections/article/1112067/le-president-de-...