Tunisie : un journaliste s'immole par le feu, des heurts

Source: 
Le Figaro et AFP
Publication date: 
Dec 26 2018

 

Des heurts ont éclaté entre la police et des manifestants rassemblés lundi 24 décembre à Kasserine, dans le centre-ouest de la Tunisie, après l'immolation par le feu d'un journaliste qui voulait dénoncer par cet acte les conditions de vie difficiles dans cette région, parmi les plus pauvres du pays.

Dans la nuit de lundi à mardi, des dizaines de manifestants ont brûlé des pneus et bloqué la rue principale du centre-ville de Kasserine, située à 270 km de Tunis. La police a répliqué par des tirs de gaz lacrymogènes. Le porte-parole du ministère de l'Intérieur a déclaré que six membres des forces de sécurité avaient été légèrement blessés lors des affrontements et neuf personnes arrêtées. La ville s'est toutefois réveillée dans le calme mardi matin.

L'une des premières villes où avaient éclaté les manifestations de 2010

Le journaliste Abdel Razzaq Zorgui, 32 ans, est décédé lundi soir après s'être immolé par le feu en affirmant vouloir protester contre le chômage et la dégradation de la situation économique dans cette région. "Pour les fils de Kasserine qui n'ont pas de moyens de subsistance, aujourd'hui, je vais commencer une révolution, je vais m'immoler par le feu", a déclaré le journaliste dans une vidéo qu'il a publiée avant sa mort.

Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a déclaré lundi dans un communiqué que le journaliste reporter d'images "Abdel Razzak Zorgui est décédé des suites d'une immolation par le feu", un acte qui visait à protester contre "des conditions sociales difficiles, un horizon fermé et le manque d'espoir" qui frappent cette région. Le Syndicat a ajouté qu'il envisageait d'organiser une grève générale dans le secteur des médias.

Kasserine est l'une des premières villes où avaient éclaté fin 2010 des manifestations sociales au cours desquelles la police avait tué des manifestants. Ces manifestations avaient été provoquées par l'immolation par le feu en décembre 2010 d'un jeune vendeur ambulant de Sidi Bouzid, également située dans le centre-ouest de la Tunisie. L'homme était excédé par la pauvreté et les humiliations policières. Elles s'étaient ensuite propagées à travers tout le pays, et avaient conduit au renversement du régime de Zine El Abidine Ben Ali en janvier 2011

Source: http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2018/12/25/97001-20181225FILWWW00066-t...